Inauguration de l’asbl PRAXIS

Je suis heureuse de participer à cette table ronde en présence des Ministres du fédéral et de la Communauté française parce qu’il est important de mêler ainsi tous les niveaux de pouvoirs pour contribuer à enrichir nos réflexions, pour confronter au mieux les savoir-faire en matière de préventions et de solutions de traitement, tant pour les victimes que pour les agresseurs.

Il est donc nécessaire de concilier les talents des spécialistes afin que le travail de réflexion puisse s’alimenter de manière interdisciplinaire : c’est bien aussi l’objet de votre présence.

Les combats que nous menons et les actions quotidiennes que nous finançons à la Commission communautaire française, nous rappellent qu’il importe de remettre au cœur de nos préoccupations collectives, le véritable enjeu de rapports sociaux égaux dans et à l’extérieur des familles. Il est fondamental que tout citoyen, quelle que soit son origine sociale, culturelle, religieuse, puisse se libérer des contraintes, des oppressions et des drames que suscitent les violences intrafamiliales.

C’est bien le rôle de l’Etat et des pouvoirs publics que de lutter contre les injustices sociales et les inégalités des populations, il est aussi de garantir à toutes et tous une vie émancipée et pleine d’épanouissement.

A ce titre, comme responsable politique, nous sommes forcément impliqués sur différents champs d’intervention.

En matière de violences intrafamiliales, nous avons doté les services d’aide aux victimes de moyens nouveaux, leur permettant de stabiliser leurs équipes sociales et thérapeutiques. Il nous importait de cimenter ce secteur en le dotant d’une nouvelle législation, qui outre le fait de consacrer des moyens budgétaires récurrents et nouveaux, renforce certainement l’attachement des pouvoirs publics à la qualité de travail qu’effectuent les associations au quotidien.

Le travail accompli sur le terrain des violences faites aux femmes démontre la nécessité d’aider les victimes à se reconstruire, à dépasser le traumatisme qu’elles ont subi.

L’intérêt de leur action est double : à la fois une aide et un accompagnement de qualité des victimes mais également un travail soutenu de sensibilisation des acteurs de première ligne.

Cette sensibilisation est indispensable pour que chaque acteur qui côtoie les victimes puisse accueillir et orienter de manière adéquate celles-ci vers les services spécialisés.

Les victimes sont désemparées et la prise en charge de celles-ci est indispensable pour gérer les conséquences de l’agression mais également d’aider les victimes à entamer les démarches administratives ou judiciaires nécessaires pour faire valoir leurs droits.
En collaboration avec les tribunaux, les services de police et les avocats, les services d’aides aux justiciables et les Espaces rencontres contribuent à soutenir les victimes, à mettre en place les médiations familiales, mais aussi à réinsérer les ex-détenus dans la société. Les socialistes bruxellois au gouvernement ont dégagé des budgets nouveaux pour assumer et augmenter le financement de ces services parce que leur rôle est essentiel particulièrement à Bruxelles ou l’arriéré judiciaire est important.

Au-delà des services de première ligne qui accompagnent les victimes, nous avons voulu soutenir le centre de prévention des violences conjugales (anciennement collectif pour femmes battues) qui a mis sur pied un atelier de relaxation et de réparation corporelle permettant aux victimes de pouvoir sortir de la spirale de la culpabilité.

Nous avons souhaité également nous préoccuper des hommes violents. Une permanence destinée aux hommes a vu le jour et est assurée par deux psychothérapeutes.

L’objectif est de faire reconnaître par les hommes, les mécanismes qui provoquent la violence et bien sur les faire disparaître. Au travers de l’intégration de conduites alternatives, les hommes sont aidés, soutenus et guidés dans la reconstruction de leur vie familiale, sans violence.

Pour ce qui concerne l’hébergement des femmes victimes de violences, avec ou sans enfants, nous avons assuré nos responsabilités en doublant les budgets consacrés aux structures spécialisées, qui ne sont d’ailleurs pas assez nombreuses aujourd’hui dans notre Région.

Lors de leurs séjours, chaque femme bénéficie d’une écoute, d’une aide psycho-sociale et d’un accompagnement qui lui permette de réfléchir sur son vécu de violences et de prendre conscience des possibilités qu’elle a d’agir sur sa vie et son avenir.

En matière de prévention, d’éducation sexuelle et affective, comme responsable des centres de planning familial à Bruxelles, nous avons dès lors intensifié l’aide, l’accueil et la prise en charge des femmes, des couples et des familles, dotant le secteur de moyens renforcés.

Nous avons également développé et accentué la prévention dans les écoles.

Cette prévention dans les écoles est nécessaire si on souhaite éduquer les jeunes générations autour des valeurs de respect et de consentement et ceci sans détour et sans tabou. Parce que nous pensons que les questions liées à la sexualité et à l’amour relèvent non seulement du champ privé mais appartiennent aussi à la collectivité.

L’état en la matière doit prendre ses responsabilités : dispenser une information accessible, précise et préventive afin que chaque personne puisse s’épanouir pleinement dans la société.

Chaque génération est solidairement responsable de la suivante, aux pouvoirs publics à garantir que ce passage se fasse dans les meilleurs conditions.

Parce qu’il importe que les pouvoirs publics se saisissent de la question des violences conjugales, des actions de sensibilisation doivent voir le jour à destination des plus jeunes afin que les valeurs de respect et de consentement soient réaffirmées.

Je pense notamment aux droits des femmes et à la pression sociale qu’elles vivent encore dans la rue, dans les quartiers, dans leurs milieux familiaux.

Ce n’est pas un combat suranné que de réaffirmer le nécessaire respect et dignité qui accompagnent les relations entre les sexes. Eduquons nos enfants à construire une société cimentée sur le consentement sans oppression et sans domination.
Nous bénéficions ensemble, hommes et femmes d’Occident, d’une liberté de mœurs qui reste presque partout ailleurs dans le monde, un rêve inaccessible ou un scandale insupportable. Il importe de garantir ce maintien des libertés individuelles.

C’est bien l’enjeu d’une société progressiste que de concilier habilement le droit de chacun à jouir du plaisir sans contrainte et sans morale tout en garantissant le respect du consentement.

JE vous remercie, en souhaitant plein succès à votre projet.